cropped-accho-web

TECHNOLOGIES ET INTERVENTIONS ÉMERGENTES EN PRÉVENTION DU VIH

La possibilité que la promesse d’I=I ne se rende pas tout à fait jusqu’aux communautés ACN suscite d’importantes préoccupations.

« I=I » est l’abréviation de l’expression « Indétectable égale intransmissible », qui signifie qu’une personne vivant avec le VIH et ayant une charge virale indétectable ne peut pas transmettre le VIH à ses partenaires sexuel-les. À la lumière des preuves accumulées à ce jour, des membres de la communauté et d’éminent-es chercheur(-euse)s ont appuyé les messages entourant I=I. On parle de charge virale « indétectable » lorsque le taux de VIH dans le sang d’une personne est inférieur au minimum qu’un test de charge virale est capable de détecter pour une quantification. En Ontario, l’infection à VIH est considérée comme étant intransmissible à partir du moment où une personne séropositive maintient une charge virale supprimée (200 copies de VIH ou moins) depuis au moins six mois.

Les personnes vivant avec le VIH peuvent atteindre une charge virale indétectable et la maintenir au fil du temps en étant fidèles à leur traitement. Toutefois, cela ne signifie pas qu’elles sont guéries du VIH. Si les médicaments antirétroviraux ne sont pas pris de façon régulière, le virus recommencera à se répliquer et la charge virale redeviendra détectable.1 U=U: A guide for service providers [Internet]. [cited 2019 November 16]. Available from: https://www.catie.ca/en/uu-guide-service-providersThe U=U campaign builds on the concept of Treatment as Prevention (TasP). TasP emphasizes the importance of HIV treatment in reducing the onwards transmission of the virus, in addition to improving the health of people living with HIV.

On s’inquiète grandement de la possibilité que le message d’I=I n’atteigne pas complètement les communautés ACN. La connaissance d’I=I n’est pas uniforme, en particulier parmi les personnes vivant avec le VIH et les prestataires de soins et de services avec lesquels elles interagissent. Même si I=I peut renforcer la motivation des patient-es à amorcer un traitement et à y être fidèles, cela nécessite l’existence d’un environnement favorable qui facilite d’abord l’amorce du traitement et son observance. D’importants obstacles comme la stigmatisation, la discrimination et le racisme anti-Noirs influencent les comportements favorisant la santé et peuvent affecter les résultats de santé. En Ontario, des données font état de résultats inférieurs dans les populations ACN, en ce qui concerne la cascade des soins : la suppression virale sous traitement antirétroviral (TAR) est de 92,7 % chez les personnes ACN, contre 95,5 % chez les non-ACN. Les obstacles connexes incluent les défis liés à l’immigration et à la migration; la criminalisation de la non-divulgation du VIH; l’absence de couverture universelle pour les médicaments d’ordonnance; l’amorce retardée du traitement; l’insécurité alimentaire; l’insuffisance de services dans certaines régions; le faible niveau d’éducation formelle et/ou de compétences en anglais; l’échec thérapeutique; la surveillance policière excessive, l’incarcération et le manque de soutien après la mise en liberté; le manque de logements abordables; et les problèmes de santé mentale et de toxicomanie.

Même si le message d’I=I signifie que les personnes vivant avec le VIH qui ont une charge virale indétectable peuvent avoir des relations sexuelles non protégées sans craindre la transmission, il est important de leur rappeler qu’elles peuvent faire l’objet de poursuites criminelles malgré ce que dit la science. N’oubliez pas que les personnes ACN vivant avec le VIH sont affectées de manière disproportionnée par la criminalisation de la non-divulgation du VIH.2 Mykhalovskiy E, Hastings C, Sanders DC, Hayman M, Bisaillon L. “Callous, Cold and Deliberately Duplicitous”: Racialization, Immigration and the Representation of HIV Criminalization in Canadian Mainstream Newspapers [Internet]. Rochester, NY: Social Science Research Network; 2016 Nov [cited 2017 May 14]. Report No.: ID 2874409. Available from: https://papers.ssrn.com/abstract=2874409

Il est essentiel de concevoir des messages et du matériel spécifiques aux communautés ACN et à leurs réalités, et que les prestataires de soins et organismes de services partagent ces informations avec leurs client-es. Ces documents devraient aborder les idées fausses (p. ex., « une charge virale indétectable signifie que l’on est guéri ») et la préoccupation de certains membres de la communauté, selon laquelle I=I contredit des décennies de messages de santé publique sur les pratiques sexuelles plus sécuritaires.

De plus, il est crucial d’améliorer les modèles de soins afin de combler les lacunes dans la cascade de la prévention, de l’implication, du traitement et des soins pour le VIH en Ontario. Une approche holistique et centrée sur le/la client-e nécessite que nous portions attention au corps et à l’esprit, et non seulement aux symptômes. Le respect de la dignité et de l’autonomie des client-es est un autre aspect clé de ce travail. La collaboration avec d’autres pair-es ACN vivant avec le VIH, le soutien psychosocial et les tests réguliers de la charge virale sont autant de facteurs importants qui favorisent l’atteinte d’une charge virale indétectable.

Cliquez ici pour plus d’informations sur I=I

La prophylaxie pré-exposition (PrEP) est une stratégie très efficace de prévention du VIH. Il s’agit, pour une personne séronégative, de prendre un médicament au quotidien afin de prévenir l’infection par le VIH. La PrEP fait partie d’une approche de prévention combinée qui comprend des examens médicaux réguliers, le dépistage du VIH et des ITS ainsi qu’un counseling sur l’observance au traitement et la réduction des risques.

Plusieurs outils s’offrent aux prestataires pour renforcer leurs capacités à prescrire la PrEP et à soutenir les personnes qui la prennent – notamment des lignes directrices cliniques nationales sur la PrEP3 3 Tan DHS, Hull MW, Yoong D, Tremblay C, O’Byrne P, Thomas R, et coll. Lignes directrices canadiennes sur les prophylaxies pré-exposition et post-exposition non professionnelle en VIH. Journal de l’Association médicale canadienne. 27 nov. 2017;189(47):E1448–58. Accessible à : https://www.catie.ca/fr/lignes-directrices-canadiennes-prep-npep et un site Web complet sur l’accès à la PrEP en Ontario : ontarioprep.ca

La connaissance de la PrEP et son utilisation sont relativement faibles dans les communautés ACN. En Ontario, des groupes de discussion auprès de personnes ACN ont révélé des perceptions erronées concernant la différence entre la PrEP et la prophylaxie post-exposition (PPE), la couverture de la PrEP par divers régimes d’assurance et ses modes d’accès.4 4 Zhabokritsky A, Nelson LE, Tharao W, Husbands W, Sa T, Zhang N, et coll. Barriers to HIV pre-exposure prophylaxis among African, Caribbean and Black men in Toronto, Canada. PLoS ONE. 2019 Mar 29;14(3):e0213740. doi : 10.1371/journal.pone.0213740. Lorsque des informations exactes ont été fournies aux participant-es des groupes de discussion, la majorité ont approuvé la PrEP en tant qu’option de prévention du VIH.

Il est probable que la volonté de prendre la PrEP varie selon les segments de la communauté. Par exemple, une étude sur l’adhésion à la PrEP chez des hommes ACN de Toronto a révélé que les GBHRSH ACN étaient plus susceptibles d’accepter la PrEP que les hommes ACN déclarant avoir des relations sexuelles uniquement avec des femmes. Les hommes ACN jeunes et ceux qui sont nés au Canada présentaient le plus faible taux d’utilisation. La perception de leur risque comme étant faible et des préoccupations liées aux effets secondaires étaient les principales raisons citées par les participants pour ne pas prendre la PrEP.5 5 Zhabokritsky A, Nelson LE, Tharao W, Husbands W, Sa T, Zhang N, et coll. Barriers to HIV pre-exposure prophylaxis among African, Caribbean and Black men in Toronto, Canada. PLoS ONE. 2019 Mar 29;14(3):e0213740. doi : 10.1371/journal.pone.0213740.

Les groupes de discussion que nous avons mentionnés ont permis de comprendre que le niveau et la qualité des soins et des informations sur la santé sexuelle venant d’un-e médecin de soins primaires ou d’une clinique spécialisée avaient une grande influence sur la décision de commencer la PrEP. La majorité des participant-es qui n’ont pas pris la PrEP ont affirmé qu’ils et elles préféreraient y avoir accès par le biais d’un organisme en VIH. Les principaux obstacles identifiés étaient la stigmatisation liée au VIH et la méfiance à l’égard des prestataires de soins non spécialisé-es en VIH. Interrogé-es sur la façon dont la stigmatisation les empêchait d’accéder à la PrEP, les participant-es ont décrit leurs craintes de recevoir un diagnostic de séropositivité lors de l’amorce de la PrEP et les défis liés à l’explication de la PrEP à des partenaires sexuel-les qui pourraient supposer qu’elle est le signe d’une séropositivité.

Il est essentiel d’adopter des approches communautaires intégrées en matière de prévention du VIH dans les communautés ACN – et l’éducation et les services liés à la PrEP en font partie. De nombreux membres de la communauté feraient confiance à la recommandation d’amorcer la PrEP si elle venait d’un-e prestataire de services qui comprend les expériences ACN.

Consultez ce site Web pour plus d’informations sur la PrEP en Ontario : ontarioprep.ca

RENFORCEMENT DES CAPACITÉS EN GROUPE
Un objectif fondamental de la prévention du VIH est de modifier les comportements qui exposent des individus à un risque d’infection. Ces interventions comportementales visent à influencer les connaissances, les attitudes et les comportements individuels, comme l’éducation à la santé sexuelle et l’habilitation des personnes à risque ou vivant avec le VIH.

Les programmes qui offrent des expériences d’éducation et de renforcement des capacités en petits groupes sont efficaces à réduire les risques comportementaux dans les communautés ACN. Ces interventions ciblent souvent des populations spécifiques comme les jeunes, les GBHRSH, les femmes ou les personnes vivant avec le VIH.


INTERVENTIONS CONFESSIONNELLES
La littérature indique que les interventions confessionnelles sont une approche culturellement pertinente et efficace pour assurer la prévention et l’éducation en matière de VIH dans les communautés ACN. Les organismes confessionnels ont une influence considérable sur les comportements. Grâce à leur forte présence dans les communautés ACN, ils ont accès à un vaste public et peuvent servir à disséminer des messages clés de prévention.

Ces programmes démontrent que la santé publique, les services communautaires et les communautés religieuses peuvent collaborer à des initiatives fructueuses. Les limites de la collaboration avec des organismes confessionnels incluent la réticence de certains chefs religieux à discuter de sujets délicats, de même qu’un point de mire sur l’abstinence plutôt que sur une éducation sexuelle complète ou des stratégies de réduction des risques. Ses avantages incluent un public captif composé de jeunes, de parents et de possibles bénévoles; une crédibilité au sein la communauté; et la capacité à joindre des jeunes et des adultes au-delà de la communauté immédiate, au Canada.6 6 OHTN. Effective HIV prevention, education and outreach activities in African, Caribbean and Black communities. 2014.


INTERVENTIONS DIRIGÉES PAR DES PAIR-ES
Des organismes communautaires ont mis en œuvre des interventions de prévention du VIH dirigées par des pair-es qui impliquent les membres de la communauté de manière informelle et non intrusive. En Ontario, ces programmes ont largement réussi à impliquer des membres de la communauté générale dans la prévention du VIH, à établir des relations et à développer des outils appropriés sur le plan culturel et linguistique.7 OHTN. Effective HIV prevention, education and outreach activities in African, Caribbean and Black communities. 2014.

Le lien ci-dessous conduit à une liste de prestataires de services VIH en Ontario. Veuillez communiquer directement avec ces organismes pour en savoir plus sur leurs programmes et sur les possibilités de référence et de partenariat.

LIGNES DIRECTRICES ACN SUR LA PRÉVENTION DU VIH

Pourquoi ACN?
Home

Identité ACN​

Cette identification est influencée par des expériences de vie ainsi que par les antécédents familiaux et les liens ancestraux
Plus d’informations

LE VIH DANS LES COMMUNAUTÉS ACN

La plupart des pays où le VIH est endémique sont en Afrique subsaharienne et dans les Caraïbes
Plus d’informations

COUNSELING ET DÉPISTAGE

Les prestataires de soins devraient respecter les éléments de diversité culturelle, sexuelle et de genre, chez les client-es, en évitant le langage porteur de jugements
Plus d’informations

ARRIMAGE AUX SOINS

Les personnes ACN vivant avec le VIH, en particulier celles qui sont nouvellement arrivées, rencontrent des défis uniques
Plus d’informations

DÉVOILEMENT ET ENJEUX JURIDIQUES

La criminalisation du non-dévoilement du VIH a des effets néfastes disproportionnés sur les personnes ACN vivant avec le VIH au Canada
Plus d’informations

OUVRAGES CITÉS

Le Conseil des Africains et Caraïbéens sur le VIH/sida en Ontario (CACVO)
Plus d’informations

References

1 U=U: A guide for service providers [Internet]. [cited 2019 November 16]. Available from: https://www.catie.ca/en/uu-guide-service-providers
2 Mykhalovskiy E, Hastings C, Sanders DC, Hayman M, Bisaillon L. “Callous, Cold and Deliberately Duplicitous”: Racialization, Immigration and the Representation of HIV Criminalization in Canadian Mainstream Newspapers [Internet]. Rochester, NY: Social Science Research Network; 2016 Nov [cited 2017 May 14]. Report No.: ID 2874409. Available from: https://papers.ssrn.com/abstract=2874409
3 3 Tan DHS, Hull MW, Yoong D, Tremblay C, O’Byrne P, Thomas R, et coll. Lignes directrices canadiennes sur les prophylaxies pré-exposition et post-exposition non professionnelle en VIH. Journal de l’Association médicale canadienne. 27 nov. 2017;189(47):E1448–58. Accessible à : https://www.catie.ca/fr/lignes-directrices-canadiennes-prep-npep
4 4 Zhabokritsky A, Nelson LE, Tharao W, Husbands W, Sa T, Zhang N, et coll. Barriers to HIV pre-exposure prophylaxis among African, Caribbean and Black men in Toronto, Canada. PLoS ONE. 2019 Mar 29;14(3):e0213740. doi : 10.1371/journal.pone.0213740.
5 5 Zhabokritsky A, Nelson LE, Tharao W, Husbands W, Sa T, Zhang N, et coll. Barriers to HIV pre-exposure prophylaxis among African, Caribbean and Black men in Toronto, Canada. PLoS ONE. 2019 Mar 29;14(3):e0213740. doi : 10.1371/journal.pone.0213740.
6 6 OHTN. Effective HIV prevention, education and outreach activities in African, Caribbean and Black communities. 2014.
7 OHTN. Effective HIV prevention, education and outreach activities in African, Caribbean and Black communities. 2014.